Le Journal Du Dimanche a publié une enquête très inquiétante sur l’état des 6 270 établissements hospitaliers en France. De nombreux hôpitaux tentent de pallier les avis défavorables d’exploitation, distribués par la commission de sécurité incendie, avec des mesures compensatoires. Plus de personnels de sécurité incendie et des travaux annoncés dans les prochaines années leur permettent d’éviter une dramatique fermeture administrative.
Pire, le ministère de la Santé fermerait les yeux sur cette situation critique, en indiquant seulement que « les mises en conformité de sécurité incendie ne font pas l'objet de remontées centralisées » … Du côté du ministère de l’Intérieur on se veut un peu plus rassurant en affirmant que « les conditions de sécurités exigées en France sont les plus strictes qui soient ».
Un avis défavorable ça n'a pas pour objet de faire fermer un établissement, dans un premier temps tout au moins, mais ça signifie : attention, il y a un risque et voici les prescriptions qui en découlent.
L'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a notamment donné un avis défavorable d’exploitation à 20 de ses structures sur 370. Parmi eux les hôpitaux de Bichat et Saint-Antoine à Paris, Beaujon à Clichy ou encore Louis-Mourier à Colombes. Pourtant, le directeur général adjoint de l'AP-HP François Crémieux affirme qu’entre 15 et 20 millions d’euros sont consacrés chaque année à la mise en sécurité de leur parc hospitalier.
A Marseille, l’hôpital de la Timone, qui se classe troisième CHU de France, a reçu en 2017 un avis défavorable à son exploitation par la sous-commission de sécurité des Bouches-du-Rhône. Près de 3 000 patients, médecins et personnels soignants s’y retrouve chaque jour et nuit dans des conditions inquiétantes. Son système de sécurité incendie serait catastrophique : portes coupe-feu encombrées, -défectueuses ou manquantes, issues de secours cadenassées ou inopérantes, vitres sans résistance au feu, absence de désenfumage, matériaux inflammables, quasi-impossibilité d'évacuer les patients alités...
La complexité du problème de la sécurité incendie est impossible à expliquer au grand public, c'est pour ça qu'on n'en parle jamais à l'extérieur. Chaque année, les hôpitaux investissent des millions d'euros pour la mise en conformité. C'est un travail sans fin.