C’est un dispositif qui fait bondir les professionnels de santé en ce début d’année. L’entrée en vigueur par la Sécurité Sociale d’une nouvelle forme de recommandation nationale des médicaments « biosimilaires » (ou génériques), car moins chers que les médicaments biologique de référence (ou bioréférent) pour la même qualité de soins, comporte désormais un détail de taille : certaines boites rapportent de l’argent aux médecins !
Par exemple sur l’insuline, prescrire le biosimilaire de Sanofi à 23,88 euros permet à la Sécu de faire une économie d’environ 10 euros par rapport au « Novorapid Flexpen » et d’obtenir pour le médecin 3 euros de la part de la CPAM. L’intéressement versé au médecin est basé sur une année pleine d’économie réalisée sur le coût d’un traitement. Un seuil minimal d’intéressement est requis pour le versement de la prime, fixé à 50 euros par médecin et par molécule concernée. Le plafond d’intéressement est fixé à 7 000 euros par professionnel de santé, toutes molécules confondues.
Quand j’étais encore interne, on me disait de ne pas rencontrer les représentants des labos, qui rinçaient les médecins. Et là, on serait payés par la Sécu pour prescrire un labo, en l’occurrence Sanofi ? Et pourquoi ce labo-là d’ailleurs ? […] Mais le pharmacien, il faut aussi qu’il joue le jeu, qu’il délivre le bon médicament. Alors, a-t-il aussi une prime ?
Cette « efficience des prescriptions », comme le présente la CPAM, laisse bien entendu le choix aux professionnels de santé de prescrire leur préférence. Toutefois, cette méthode interroge tout de même sur l’éthique du médecin face à cet intéressement sur les médicaments. Et pose forcément de nombreuses questions sur le rôle que vont jouer les pharmacies… De son côté, Sanofi a précisé au journal Le Télégramme que ce mécanisme a été mis en place par l’Assurance Maladie sans avoir été consulté au préalable.