L’inflation prend désormais plusieurs formes dans les rayons des grandes surfaces. Après la « shrinkflation », qui consiste à réduire le poids d’un produit pour limiter sa hausse de prix, voici la « cheapflation ». Cette dernière est une pratique, importée des États-Unis qui signifie « inflation bas de gamme », consistant à baisser la qualité des ingrédients d’un produit alimentaire et à augmenter tout de même son prix au kilo ou au litre !
Pour les consommateurs que nous sommes c’est donc la double peine. Non seulement il y a un changement de recette pas très satisfaisant, mais en plus le ticket de caisse flambe. C’est foodwatch qui a réalité cette enquête, en association avec des journalistes de l’émission de France 2 « France Grand Format ». L’organisation spécialisée contre les fraudes alimentaires a ainsi épinglé 6 produits de l’industrie agroalimentaire :
Fleury Michon a changé la recette de ses bâtonnets de poissons en diminuant de 11% la chair de poisson, mais en augmentant de 40% son prix au kilo entre 2021 et 2023.
Findus a diminué la quantité de chair de poisson de son Colin d’Alaska à la bordelaise de 5%, mais le prix au kilo a bondi de 47% entre avril et novembre 2023. Ce produit surgelé a aussi été impacté d’une « shrinkflation », en passant d’un poids de 400 à 380 grammes.
Bordeau Chesnel a modifié sa recette au Poulet Rôti en Cocotte en réduisant de 5,5% la quantité de viande, mais a augmenté son prix de 31% son prix au kilo entre 2021 et 2024.
La mayonnaise Fins Gourmets qualité traiteur de la marque Maille (groupe Unilever) a diminué de 24,7% la quantité de jaunes d’œufs, pour un prix au kilo de +12,1% entre novembre 2023 et janvier 2024.
Les cookies Choco Sensations de Milka (groupe Mondelez) ont désormais de l’huile de palme dans la liste des ingrédients au lieu de l’huile de tournesol, pour un prix au kilo qui a grimpé de 27% entre 2022 et 2024.
Les célèbres chocolats After Eight (groupe Nestlé) ont eux aussi désormais de l’huile de palme dans la liste des ingrédients, mais avec une hausse du prix de 7,4% au kilo entre fin 2021 et début 2024.
Les fabricants justifient généralement ces changements par une hausse du prix des matières premières en période d’inflation. Pour foodwatch, cela n’excuse en rien l’opacité sur les changements de recette ou de format, ni la hausse des prix qui y est corrélée. Ce n’est pas en masquant l’inflation avec ces subterfuges que l’on va enrayer la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et consommatrices. Si les industriels sont libres d’apporter les modifications souhaitées à leurs produits, ils doivent le faire avec beaucoup plus de transparence.
Les marques épinglées ont bien évidement réagit à cette enquête. Maille met en avant des « difficultés d’approvisionnement » qui conduit le fabricant « à ajuster légèrement la composition ». Bordeau Chesnel souligne « un contexte de grippe aviaire qui, avec les différentes vagues, a mis en difficulté les approvisionnements de matière ». Milka se veut rassurant en confirmant que « le projet de retour à l'huile de tournesol est en cours de discussion en interne ». Enfin, Nestlé affirme que la traçabilité et la certification de ses approvisionnements en huile de palme est certifiée RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil) et garantie « sans lien avec la déforestation ».
Les nouveaux jaunes d'œufs, français, utilisés dans la recette permettant d'obtenir une texture plus ferme avec une quantité moindre, nous avons dû rééquilibrer la quantité utilisée ainsi que la quantité d'huile afin de continuer à obtenir la texture et le goût que les consommateurs aiment.