8 mois après le clash avec Eric Zemmour sur le plateau des Terriens du Dimanche, la tension n’est pas redescendue. Hapsatou Sy vient de sortir son autobiographie, « Made in France », dans laquelle elle consacre un chapitre à Thierry Ardisson. L’entrepreneuse et chroniqueuse règle ses comptes et revient sur cette période compliquée, dont elle donne la responsabilité à son ancien patron : l’homme en noir.
Thierry Ardisson ne m’a jamais lâchée depuis cet incident. Passant des coups de fil à Tout-Paris pour m’empêcher de travailler, balançant des infos sur mes impôts et me reprochant mon absence de loyauté ensuite, jubilant de me savoir affaiblie. Il a usé de tous les coups bas. Il sera fou en lisant ces lignes, mais elles ne sont que vérité…
Dans le chapitre intitulé « Terrorisme lacrymal » que nous avons lu intégralement, Hapsatou Sy y vide totalement son sac ! A travers une trentaine de pages, elle raconte les dessous de l’émission et porte contre Thierry Ardisson des accusations très graves et très surprenantes, notamment sur 7 lignes que nous ne reproduirons pas ici.
Et pour cause, Stéphane Simon, producteur de l'émission, a réagi le jour même de la sortie du livre sur Twitter, en précisant avoir confié l’ouvrage à ses avocats. Dans un second message il a corrigé le qualificatif « âneries » par « bêtises ».
Extraits choisis :
Après cette séquence d’une extrême violence, Ardisson prend le relais et m’insulte en me traitant de « chialeuse » devant Zemmour, qui me ricane au nez. Je me sens doublement humiliée. Il est vrai que j’ai pleuré face à la violence de l’échange, mais j’ai surtout pleuré parce que je n’en pouvais plus. Quoi qu’il en soit, cela méritait-il l’acharnement de Thierry Ardisson avec lequel j’avais travaillé un an ? C’était clair, il avait choisi son camp. Suite à cette séquence, je vais passer l’émission à pleurer.
Tu n’as cessé de répéter que j’avais fait filmer l’émission, ce qui est non seulement diffamatoire mais, en plus, a pour but de me faire blacklister par la profession. Malheureusement pour toi, je n’ai jamais été autant appelée ! Si j’avais fait filmer toute la séquence, je l’aurais eue intégralement et les gens seraient descendus dans la rue ! Je suis une battante, Thierry, pas une bagarreuse, ce que tu es, toi.
Il est très spécial, Thierry, et je dois même avouer qu’il me touche, parfois. Il est émotif, pleure et, en même temps, peut être extrêmement dur. Il est vrai qu’il pleure sur commande et refait la scène autant de fois que nécessaire. Il allume une clope à chaque pause, boit du champagne et adore ma maquilleuse ! Il la taquine, lui dit qu’elle est belle, qu’il l’adore. Crie même son nom pour s’amuser. Il peut être très bienveillant parfois… Et cela me perturbe, car il est capable non pas du pire comme du meilleur, mais du pire comme du bon.
Dès la deuxième émission, on me fait savoir que Thierry a une super-idée pour moi. Il m’appelle. La conversation dure très peu. Il aimerait que je porte une burqa, que j’aille dans la rue avec pour voir comment ça se passe ! Je suis abasourdie et lui réponds simplement que ça ne m’intéresse pas. Il n’insiste pas. Il faut dire que je suis assez claire et ferme dans ma réponse. Au fur et à mesure de cette année passée à ses côtés, je vais réaliser son obsession contre l’Islam, les musulmans, les Arabes. Ces derniers ne l’intéressent que pour faire de l’audience. Il ira avec la production jusqu’à faire une caméra cachée d’un musulman entrant dans une agence de location de camions. Il demande alors à louer un camion qui puisse monter sur les trottoirs, il enfonce le clou et va bien plus loin, jusqu’à dire dans ce sketch que l’imam demande si l’on peut entreposer des bouteilles de gaz dans le camion, et j’en passe. Si ce n’est pas orienté et en faveur d’une islamophobie déjà très présente dans notre société, je n’y comprends plus rien ! ! Pour moi, c’est de l’incitation à la haine. J’ai dit mon indignation ce jour-là, et ils ont revu la caméra cachée diffusée la semaine d’après…
Un jour, nous avons eu un débat incroyable. Au milieu d’une discussion, Thierry me dit littéralement : « Les races supérieures doivent aider les races inférieures ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Léon Blum, mais tu ne sais pas qui est Léon Blum, tu devrais lire des livres d’histoire ! » Je suis estomaquée. Va s’ensuivre une passe d’armes d’une extrême violence, et il va perdre le débat, ce qu’il déteste. Il finira par ces mots : « Si ça continue comme ça entre nous, ça va s’arrêter bientôt. » Comme lorsque l’on est à court d’argument. Je lui dis : « Quoi ? Quand on n’est pas d’accord avec toi et qu’on se défend, que tu perds le débat, c’est ce que tu réponds ? Ça ne va pas s’arrêter bientôt, ça s’arrête tout de suite ! Je ne me prostitue pas pour la télé ! » J’ai retiré mon micro que j’ai jeté sur la table et j’ai tiré ma révérence. Ce qui provoquera un débat houleux sur le plateau. Je suis partie parce que je n’en pouvais plus. Je n’étais pas là pour entendre des propos aussi inacceptables que ceux-là. De nombreux responsables sont venus me chercher dans ma loge, me demandant de revenir sur le plateau. Je refusai. L’un d’entre eux me dira même : « Mais tu as vu comment il parle à tout le monde ! Même à moi ! C’est Thierry, il est comme ça. » Je lui ai répondu que non. Ils étaient libres d’accepter cette attitude de lui comme j’étais libre de de ne pas être d’accord, moi. J’ai donc refusé, fermement. Il finira par venir dans ma loge pour s’excuser platement. Il disait avoir été trop loin. Je n’ai pas cru une seconde en sa sincérité. Il voulait juste que je vienne terminer l’émission. Ce genre de scène s’est malheureusement répétée plusieurs fois.