La Direction Centrale du Renseignement Intérieur est chargée de prévenir et réprimer les activités inspirées, engagées ou soutenues par des puissances ou des organisations étrangères et de nature à menacer la sécurité du pays. Mais ces dernières semaines ce service top secret, rattaché au ministère de l'intérieur, est au cœur de deux actualités qui prouvent qu'il y règne un véritable dysfonctionnement...
Une page Wikipédia censurée de façon abusive
L'encyclopédie en ligne a reçu en mars une demande de suppression de la page de la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute. Jugée comme portant atteinte au secret de la défense nationale et diffusant des informations militaires classifiées sans autorisation légale selon la DCRI, Wikipédia refuse pourtant de donner suite. En effet, selon la loi il n’est pas possible d’exiger le retrait d’une information classifiée si l’on n’offre pas la preuve de sa classification : en clair la DCRI devait apporter plus de précision sur sa demande. Au lieu de cela, la DCRI a convoqué la semaine dernière un contributeur bénévole français, qui n'a jamais contribué à la page, et lui a demandé de supprimer devant ses agents la page incriminée, sous peine d'être mis en garde à vue et mis en examen sur le champ ! Une intimidation abusive qui n'amuse pas Wikimédia France, comme l'indique un long communiqué : "Contribuer à Wikipédia doit-elle devenir une activité risquée en France ? La DCRI n’a-t-elle pas l’arsenal juridique nécessaire pour faire respecter si besoin le secret militaire par des méthodes moins brutales ? Nous l’espérions. Il peut être rappelé également que le contenu de l’article incriminé était disponible sur Wikipédia depuis plusieurs années et qu’il ne semblait pas jusqu’alors poser de problèmes particuliers." Et étrangement cet article est déjà de retour en ligne, mais vraisemblablement avec quelques modifications...
L'exil fiscal est un secret défense bien gardé
En pleine affaire Cahuzac, un document confidentiel critique les services de police et de renseignement au sujet de la délinquance fiscale, d'après le journal La Croix. Ce rapport de 14 pages a été rédigé par un collectif d'officiers du renseignement intérieur et remis confidentiellement au groupe de travail des députés PS en février dernier. Il révèle la surveillance étroite opérée par le renseignement intérieur sur l’organisation de la fraude fiscale internationale, dont celle organisée en France par la banque suisse UBS, et dénonce aussi la non-transmission à la justice d'informations considérables. Ainsi, ces services se nourrissent des délits qu’ils ne souhaitent pas voir apparaître ou révéler à la justice pour ne pas affaiblir leur influence quand le besoin s’en fait sentir. Enfin, le terme de "secret défense" serait utilisé de façon complètement inutile sur des renseignements économiques et financiers, dont la justice pourrait avoir besoin pour des enquêtes.
Mise à jour du 14/04/13 : Pierre Jeansac, un sous-officier, est sous le coup d'une enquête militaire suite à un reportage télévisé diffusée en 2004 sur TL7, dans laquelle il aurait dévoilé sans autorisation des matériels et des procédures secrets, concernant notamment la chaîne de transmission du feu nucléaire. Pourtant à l'époque ce reportage de TL7, aujourd'hui toujours en ligne, avait été autorisé par l'armée d'après Le Point. Aujourd'hui ce sont ces informations, qui ont notamment servis à enrichir cette page Wikipédia, qui gênerait la DCRI.