Emmanuel Masmejean, chirurgien de l’AP-HP, a mis en vente, pour 2776,70 dollars (soit près de 2450 euros), une radio du bras d’une victime des attentats du 13 novembre sur OpenSea. Repérée par Mediapart sur ce site d’enchères pour les NFT, l’annonce titrée « Bataclan terrorist attack – November 13, 2015 – Paris, France » présentait le document médical de sa jeune patiente, sur lequel une balle de Kalachnikov était visible. Pire, une petite biographie de la victime était même proposée, précisant qu’elle « a perdu son petit ami dans cette attaque » et qu’elle « avait une fracture ouverte de l’avant-bras gauche avec une balle restante de Kalachnikov dans les tissus mous ».
Contacté par Mediapart, le chirurgien, qui exerce comme chirurgien orthopédiste à l’hôpital européen Georges-Pompidou, s’est justifié en indiquant qu'il utilisait le crypto-art « dans une vocation pédagogique, pour intéresser les gens ». Mais le fond du problème c’est qu’il n'a demandé ni à l'AP-HP, ni à la patiente, leur autorisation… Le professionnel de santé incriminé se justifie notamment en comparant sa publication à celles que l’on peut retrouver sur d’autres réseaux sociaux.
D’un point de vue éthique, je me suis moi-même posé la question... Si vous voulez me faire dire que c’est une erreur, c’est peut-être une erreur. En plus, ça m’a coûté de l’argent, c’est complètement débile ! […] J’ai proposé une valeur, ce qui était une erreur. Mais ça ne veut pas dire que je la vends, ce n’est pas une vente. C’est le fonctionnement du site aussi qui demande si on veut mettre un prix. Mais ce n’est pas une vente. […] Sur Instagram et sur Facebook, il y a des milliers de radios de l’Assistance publique, c’est tout ce que j’ai à dire. Il y en a des milliers, des photos de patients, des milliers.
De son côté, l’AP-HP qualifie la publication du professeur Masmejean de « problématique, choquante et indécente ». Dès samedi soir dernier, Martin Hirsch, le directeur général, a partagé sur son compte Twitter le long message qu’il a adressé à l’ensemble des équipes, en soulignant que cet acte est « d'une gravité exceptionnelle ».
L’association Life for Paris, qui regroupe 650 membres dont de nombreuses victimes des attentats, a publié un communiqué dimanche dernier. Sans pincettes, elle y tacle « la cupidité d’un "médecin" qui a visiblement oublié le code de déontologie et semble dépourvu de la jugeote comme de l’empathie la plus élémentaire ».
Le Conseil National de l'Ordre des Médecins va être saisi et l’affaire doit également faire l’objet d’un signalement à la justice. Affaire à suivre...