Personne ne peut rester indifférent. Car publier ce lundi 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, la lettre d'un violeur, il fallait oser. Encore plus quand l’information fait un tiers de la couverture de Libération !
Un texte polémique dans lequel Samuel, l’agresseur d'Alma (une étudiante qui a lancé le mouvement #Sciencesporcs), qui n’a pas été jugé ni condamné, met à égalité sa souffrance et celle de la victime, tout en indiquant que c’est sa relation sans limites avec son ex-copine qui a créé les conditions du viol... et qu’en sous-entendu, elle en est aussi finalement responsable !
Cette lettre choc a été qualifiée sur les réseaux sociaux « d’immonde », de « manipulatrice », de « torchon », etc. Et bon nombre de militantes féministes sont montées au créneau, pointant notamment l'absence d'analyse accompagnant le document.
Si cet homme était si sincère comme vous le pensez @libe ; pourquoi choisit-il de publier une lettre dans votre journal plutôt que d'aller se livrer à la police ? Ce choix ne vous questionne pas ?
— Valerie Rey-Robert (@valerieCG) March 7, 2021
Ce que cela montre aussi, c'est combien ce coup médiatique n'a rien à voir avec les femmes. Tout tourne autour des hommes : les auteurs, les récepteurs, le titre, la Une, l'édito du journaliste en pâmoison devant la "fougue" et la "force d'intellectuelle" du texte.
— Marie Turcan (@TurcanMarie) March 7, 2021
Les explications fournies par le quotidien, ainsi que son article dédié aux coulisses de cette publication, peinent à convaincre. La notion de « complexifier le débat nécessaire » semble surtout mépriser les témoignages des femmes victimes ou balayer d’un revers de main leurs différents discours…
La rédaction de Libération a précisé qu’elle restait à la disposition des autorités judiciaires. La victime se dit soulagée par l’aveu public et se réserve le droit de porter plainte. En attendant, elle est toujours soignée pour dépression dans une clinique psychiatrique.
Dans son édition de ce mardi, le quotidien revient sur la polémique, en donnant la parole aux voix qui se sont élevées pour critiquer le texte et sa publication.
Sa lettre ressemble tellement à toutes les autres… Entre les lignes, ce qu’on y lit, ce sont des raisons, des explications que l’agresseur tente de trouver [même si l’auteur s’en défend, ndlr] alors qu’il n’y a pas de pourquoi. On sent une maîtrise du langage : ce n’est pas n’importe qui qui écrit, et fait le choix de s’adresser à un quotidien. C’est une histoire de classe, qui dit aussi quelque chose de son sens de sa propre importance. Mais surtout, c’est comme si toutes les souffrances étaient égales.