« Moi les hommes, je les déteste » est sous la menace d’une censure aberrante. Ralph Zurmély, chargé de mission au ministère délégué à l’égalité femmes-hommes, souhaite interdire à la vente le livre féministe de Pauline Harmange. Dans une lettre envoyée à l’éditeur Monstrographe, il menace même de saisir la justice si le livre n’est pas retiré de leur catalogue ! Une censure absurde quand on sait qu’il n’a même pas lu l’ouvrage… Élisabeth Moreno, contacté par Mediapart, a indiqué qu’« il s’agit d’une initiative personnelle et totalement indépendante du ministère. En aucun cas, elle n’engage le ministère », mais ne condamne pas cette prise de position.
Ce livre est de toute évidence, tant au regard du résumé qui en est fait sur votre site qu’à la lecture de son titre, une ode à la misandrie (= haine des hommes). Or, je me permets de vous rappeler que la provocation à la haine à raison du sexe est un délit pénal ! En conséquence, je vous demande d’immédiatement retirer ce livre de votre catalogue sous peine de poursuites pénales.
De son côté, la micro-maison d’édition associative estime que c’est « totalement ridicule ». Les écrivains Coline Pierré et Martin Page, à la tête de Monstrographe, précisent que « le titre est provocateur mais le propos mesuré. C’est une invitation à ne pas s’obliger à fréquenter les hommes ou à composer avec eux. À aucun moment l’autrice n’incite à la violence. » Ils dénoncent surtout une « atteinte à la liberté d’expression très violente ». L’auteure confirme :
Il n’y a aucune incitation à la haine dans mon livre. Je ne sais pas si ce monsieur du ministère à l’égalité femmes-hommes fait de la veille sur la misandrie, mais je pense qu’il devrait trouver d’autres manières de s’occuper. Un fonctionnaire d’État qui fait une crise de pouvoir face à un livre de 80 pages sorti à 400 exemplaires, je trouve ça très problématique.
L’Observatoire pour la liberté de création a envoyé une missive à Ralph Zurmély et réclament des excuses. Ce regroupement d’associations dénonce une « démarche illégale » et qu’il n’a aucune autorité juridique, ni intellectuelle, pour demander le retrait. De son côté, l’éditeur prévoit de mettre en vente 500 exemplaires mi-septembre de « Moi les hommes, je les déteste » mais sera contrainte d’arrêter s’il y a des frais d’avocats à prévoir.
Source : Mediapart