Eaux polluées rejetées dans la nature, animaux enterrés sur place, employés et clients « fichés », 120 employés aux prud’hommes,… Le Zoo d’Amnéville semble dans une situation extrêmement délicate, selon une enquête très fournie de France Bleu. Des pratiques pas très claires auraient lieu dans les bureaux et les coulisses du parc, dans le dos de ses salariés et de ses centaines de milliers de clients…
Fichage des clients et des employés :
Un fichier Excel, baptisé « Olive Black List » contiendrait 214 noms de salariés et de visiteurs, avec des commentaires sur leur comportement ou leurs côtés militant. Une liste noire qui n’est pas une surprise pour plusieurs employés, notamment ceux travaillant dans les bureaux du zoo d’Amnéville. Une salariée aurait déjà signalé ce document à la police en début d’année, mais il n’y aurait pas eu d’enquête.
Liste Noire by FBGrandest on Scribd
Eaux polluées rejetées dans la nature :
A 6 endroits différents, des tuyaux et des tubes sortent du parc et déverseraient du liquide dans la forêt située à proximité. Si les services de l’Etat estiment qu’il n’y a rien à signaler, la mairie d’Hagondange nuance en affirmant que « si cela était vrai, ce serait un sérieux problème ». Pour les employés il n’y aurait aucun doute, ces infrastructures sont en non-conformité et que le maire fermerait les yeux. Des joggeurs ont d’ailleurs fait remarquer que « des torrents de merde d’hippopotame partent en forêt » ! Pire, certains nettoyages d’enclos se font avec des produits détergents comme du chlore ou de l’acide chlorhydrique qui finissent donc dans la nature…
L’enfouissement dans les sols serait également un sujet sensible. L’attraction Tiger World cacherait de nombreuses « surprises » selon l’un des employés intervenus lors des travaux : « nous avons enterré toutes sortes de choses, c’était une déchetterie. En creusant, vous retrouverez des plaques d’amiante ».
Animaux enterrés sur place :
Si les salariés et ex-salariés semblent tous unanimes sur la qualité des soins et de l’alimentation apportée aux animaux, certains témoignent de pratiques douteuses : « Quand je suis arrivée, on a enterré l’éléphante Catarina » ! Un autre affirmerait avoir « découpé l’éléphant » mais aussi « enterré des bestioles dans la forêt […] Un lion, un puma, un boa... On n’avait pas les moyens de payer l’équarrissage, alors on acceptait, pour la boîte ».
Il y a aussi l’exemple de YaKwanza, un gorille mort en 2017, à l’âge de 32 ans. Officiellement le zoo avait annoncé « une rupture d’anévrisme » sur sa page Facebook, mais l’un des salariés bien informé indiquerait que cela est dû à « une erreur d’anesthésie ».
Il (Michel Louis, le directeur) dit que le zoo va mal, qu’il faut se retrousser les manches, trouver des financements. Et puis il pointe du doigt un responsable : "tu es viré, traître, collabo" !
Les réactions du directeur du parc :
Contacté par France Bleu Lorraine, le directeur du zoo Michel Louis nie l’existence du listing. Mais il semblerait qu’un ménage informatique a été fait lundi dernier et que des disques durs ont été tout simplement mis dans les poubelles… Au sujet des animaux enterrés, il réfute les témoignages : « on a toutes les factures d’équarrissage, on peut le prouver ».
Il balaie la plupart des accusations et affirme que « tout est bidon » et soupçonne un complot « pour lui prendre le zoo ». Tout est légal selon Michel Louis, d’ailleurs les deux contrôles fiscaux n’ont rien donné. En revanche, il prévoit une réponse judiciaire « à tous ceux qui me salissent, qui salissent le zoo, qui me calomnient, qui me diffament. Après le 18 décembre, mon avocat va bien s’occuper de tout le monde ».
Actions aux prud’hommes :
Les employés seraient nombreux à avoir saisi le conseil de prud’hommes de Metz. Ce ne sont pas moins de 120 dossiers en lien avec le Zoo qui seraient traités actuellement ! Dont celui du patron, Michel Louis, qui a attaqué son propre établissement « pour se protéger » en cas de liquidation. Les thèmes des dossiers sont très variés : "viré pour alcoolisme", "accusé d’être un traître", "harcèlement moral", "licenciement économique", etc. Verdict le 3 février 2020.
Les raisons de la descente aux enfers :
Depuis le décès du directeur adjoint, Jean-Marc Vichard, la gestion du parc serait à la dérive. De plus, la création du Tiger World a plombé le Zoo avec un investissement de 33 millions d’euros et la perte du label d’excellence l’EAZA à la suite de l’ouverture de cette même attraction. Toutefois, deux repreneurs potentiels seraient sur les rangs. Le 18 décembre prochain, la chambre commerciale du tribunal de Metz annoncera la reprise ou liquidation du zoo d'Amnéville, en redressement judiciaire et endetté à hauteur de 53 millions d'euros.
Premières investigations depuis vendredi :
Dans un nouvel article, France Bleu confirme que des enquêtes et des investigations ont été lancées autour du zoo d'Amnéville depuis leurs révélations. Les élus et les différents services sont « sonnés » et « mal à l'aise » face à cette situation. Aussi parce que les langues semblent de délier, que beaucoup de monde était au courant de certaines pratiques et plusieurs les ont cautionnées... Enfin, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, aurait été saisie par les associations de défense des animaux.