La promotion et les avant-premières du dernier long métrage de Roman Polanski sont perturbées. La récente nouvelle accusation de viol d’une photographe a été révélée quelques jours avant la sortie de « J’accuse ». Mardi soir, des féministes ont bloqué une avant-première du film à Paris, en appelant au boycott. Plusieurs acteurs du film ont également annulé leurs interviews ou passages télés, à l’image de Jean Dujardin qui a annulé sa venue au 20 Heures de TF1.
Dans ce contexte compliqué, la production du film et le distributeur Gaumont tentent de « sauver les meubles ». Selon Mediapart, des consignes ont été données par les attachés de presse du film à plusieurs journalistes. Objectif : qu’aucune question en lien avec les accusations visant le cinéaste ne doit être posée lors des interviews. Par exemple, Allociné souhaitait aborder le film mais aussi d’autres sujets, comme l’affaire Adèle Haenel et ce qu’elle a dit sur l’affaire Roman Polanski. L’attachée de presse du film ayant refusé, les journalistes d’Allociné ont alors refusé de réaliser leurs interviews prévues.
Il n’y a aucune censure, je n’ai pas assisté aux entretiens, les journalistes posent toutes les questions qu’ils veulent. Mais c’est simplement que c’est déplacé. […] Il n’y a pas de corrélation entre Jean Dujardin et l’affaire Polanski, poursuit-elle. Il ne va pas répondre parce que ça ne le concerne pas. Il n'a pas envie de devoir défendre ou pas Polanski.
Mediapart se penche aussi sur les réponses de Jean Dujardin et ses façons d’esquiver l’affaire Polanski. Ou plutôt « la supposée affaire Polanski », comme l’a dit l’acteur lui-même à Elli Mastorou, du journal Metro Belgique. Celui qui interprète le Colonel Georges Picquart a aussi répondu que « la vendetta » n’était pas son truc, que « l’acharnement de la meute sur un individu » l’ennuyait et qu’il n’avait « pas envie d’hurler avec les loups » au magazine ELLE. Dujardin a-t-il lui aussi reçu des consignes ? Probablement pas.
Pourtant, chose étonnante, dans le dossier de presse français Roman Polanski évoque les accusations dont il est l’objet depuis plusieurs années. Ces propos tenus dans son entretien promotionnel sont-ils une erreur de communication ? Probablement.
Tout cela me poursuit aujourd’hui encore. Tout, et n’importe quoi. C’est comme une boule de neige, chaque saison en ajoute une couche. Des histoires aberrantes de femmes que je n’ai jamais vues de ma vie et qui m’accusent de choses qui se seraient déroulées il y a plus d’un demi-siècle.
Mais il faut croire que la polémique autour du réalisateur n'a pas refroidi les spectateurs. Lors du premier jour d'exploitation mercredi, "J'accuse" cumulait déjà 56 680 entrées. Roman Polanski réalise ainsi son meilleur démarrage depuis… plus de 30 ans !