La marque américaine, première chaine de café au monde avec 2 milliards de dollars en 2017, est implantée dans 75 pays, avec une image bien soignée. Valorisation du client avec son prénom sur le gobelet, magasin spacieux et confortables, vocabulaire italien pour ses produits, peu de publicité et des clients qui se photographie avec leur gobelet, … Pourtant Starbucks en cache beaucoup à ses consommateurs, qui paye le prix fort. C’est ce qu’à voulu démontrer le documentaire, diffusé sur Arte mardi dernier, intitulé « Starbucks sans filtre ». L’enquête sur ce 3ème lieu, entre le domicile et le travail, en dit long sur cette icône de la société de consommation.
N'ayant pu interviewer d'employés, une journaliste s'est fait embaucher dans un café de la marque à Paris, équipée d'une caméra cachée. En infiltration pendant 2 mois, elle va découvrir l’envers du décor. Notamment les techniques de la personnalisation afin de faire gonfler l'addition d'un client lors de sa commande : taille de gobelet non respectée, quantité de café, options choisies non précisées en supplément, ...
Les employés, toujours debout, sont chronométrés aux machines et jonglent aussi entre nettoyage, réassort des produits et la caisse. C’est le travail de 5 personnes en 1 seul, pour 1 100 euros par mois le contrat de 35 heures. Un rythme très intense qui pousse certains à abandonner leur poste même pendant le service ! Pire, aux États-Unis, le temps de travail n'est pas garanti, avec des plannings sans cesse modifiés et le plus souvent à la baisse. Alors qu'en même temps les ouvertures de magasins continuent de progresser dans certains quartiers américains. Et à Shanghai c'est un nouveau café Starbucks qui est ouvert en moyenne toutes les 15 heures !
Avec 89 000 combinaisons de boissons, les tentations sont nombreuses. Mais attention aux calories… 35% des boissons Starbucks contiennent autant, voir plus de sucre, qu’un soda ! Le café est très sucré, avec jusqu'à 99 grammes de sucre dans un Venti de 591 ml !
Sur le commerce responsable, Starbucks n'est pas irréprochable. 99% de son café est annoncé comme éthique, grâce à l'ONG Conservation International, avec laquelle ils ont créé leur propre label de production. Mais il y a un intermédiaire entre les petits producteurs et la marque, ce qui ne se pratique pas habituellement pour du commerce équitable. Autrement serait impossible, vu les quantités nécessaires pour fournir ses 28 000 magasins.
De toute façon niveau écologie, il y a un gros problème. Il n’y a pas de tri sélectif des déchets et leur fameux gobelet n'est pas recyclable ! Produit à 4 milliards d'exemplaires par an, il est bien en papier mais à l'intérieur il y a une fine pellicule de film plastique collée. La marque s'était engagée à trouver une solution et à proposer un nouveau récipient 100% recyclable en 2015, en vain. Cette année, Starbucks a annoncé débloquer un budget de 10 millions de dollars pour la recherche d'un meilleur gobelet... En attendant vous pouvez toujours y aller avec votre propre mug et gratter une réduction...
La marque était à l’origine domiciliée aux Pays-Bas et a bénéficié de la fiscalité allégée de ce pays. Une optimisation fiscale personnalisée aurait d’ailleurs été négociée en secret directement avec le fisc néerlandais ! Starbucks a d’ailleurs été condamné en 2015 pour concurrence déloyale par la commission Européenne, mais a fait appel devant la Cour Européenne de Justice. Depuis, le siège social Europe de la firme a déménagé à Londres et paie ses impôts en Grande-Bretagne. En France, Starbucks n’a jamais payé d’impôts sur les bénéfices en 14 ans, malgré un chiffre d’affaires estimé à 100 millions d’euros. L’enseigne n’aurait pas trouvé le bon business modèle, avec des charges salariales élevés et des loyers de locaux importants… C’est un peu fort de café !
#Greenwashing, abus de pouvoir et évasion fiscale, réfléchissez-y à deux fois avant de commander votre #café chez @Starbucks !
— ARTE (@ARTEfr) 28 août 2018
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