Le 1er juillet prochain la vitesse sera abaissée à 80 km/h sur toutes les routes secondaires à double sens sans séparateur central. Une décision officialisée par le premier ministre Édouard Philippe la semaine passée, qui a pour but de sauver plus de vies. Cette annonce, accompagnée de nombreux chiffres « scientifiquement irréfutables » sont en réalité erronés ! Le magazine Auto Plus consacre notamment deux pages à ce sujet ce vendredi et remet les chiffres dans leur véritable contexte.
- La route est « la première cause de mort violente » en France avec près de 3 500 victimes : pourtant la chute fatale représente 9 000 victimes.
- 3 années consécutives de hausse de la mortalité routière : c’est en réalité stable depuis 2013. Le délégué interministériel à la Sécurité Routière confirmait en juin dernier que le ratio du nombre de personnes tuées rapporté au milliard de kilomètres parcourus passe de 5,76 morts en 2013 à 5,8 en 2016.
- La vitesse moyenne a augmenté de 4 km/h depuis 2012, avec 200 victimes supplémentaires par an : un chiffre qui concerne les autoroutes et non les routes secondaires. La vitesse est stable sur les routes à 2 ou 3 voies selon l’observatoire de la vitesse de la Sécurité Routière en 2016.
- L’expérimentation à 80 km/h entre 2015 et 2017 sur 80 kilomètres de route a présenté des résultats positifs, avec 3 tués au lieu de 6 : sans préciser que ce tronçon a subi plus de 5 ajustements routiers qui ont sans doute contribué à cet excellent résultat (bitume remplacé, marquage au sol repeint, voies élargies, mise en service d’un rond-point, un radar passé en mode double sens, etc)
- Un peu plus de conducteurs flashés au-dessus des 80 km/h avec la nouvelle limitation : en réalité ce sont 4 fois plus d’automobilistes qui ont été flashés sur le tronçon test ! Mais l’argent des radars devraient être reversés à un fond d’aide aux victimes de la route dès 2019.
- Cette baisse de la vitesse maximale permettait un gain de carburant de 30%, soit 120 euros de gain par an : c’est en réalité 3 fois mois avec 10% pour un diesel et entre 13 et 14% pour l’essence.
- Un coût de 5 à 10 millions d’euros pour le remplacement des 20 000 panneaux existants, « entièrement financée par l’Etat » : le montant serait de 1,6 million d’euros avec une base de 80 euros par panneau selon des spécialistes de ce type d’installation.
- Deux infographies de la Direction de la Sécurité Routière sur les distances d’arrêt incompressibles avec des chiffres différents. A gauche un document destiné aux préfets fin 2017, à droite celui communiqué le 9 janvier dernier. A 90 km/h la distance a été modifiée de 81 à 70 mètres, et à 80 km/h de 67 à 57 mètres ! En réalité celle de gauche était bien erronée malgré la rigueur scientifique et a été corrigée à l’occasion de l’annonce du Premier Ministre.