Le procureur de Paris, François Molins, a lancé hier soir une procédure de référé d’heure à heure pour tenter d'interdire le numéro de Paris Match de cette semaine, d’après Europe 1. Sur 8 pages, l’hebdomadaire revient sur l’attentat de Nice et publie des captures d’écran inédites extraites de la vidéosurveillance.
Des associations de victimes ont ainsi dénoncé la parution qui « porte atteinte à la dignité des victimes et de leurs proches [ …] uniquement pour faire du sensationnel et créer une atmosphère morbide et voyeuriste ». Le Maire de Nice, Christian Estrosi, a également publié un communiqué dans lequel il s’étonne que ces images « insoutenables et abjectes » soient publiées alors qu’elles « ont été saisies par les services de la sous-direction antiterroriste placés sous l’autorité directe du parquet. »
Parce que la Ville de Nice n’a pas souhaité répondre à la demande d’effacement des bandes, le seul exemplaire encore possédé par la Ville se trouve sous scellé chez un huissier et personne ne peut y accéder.
15 photos chocs.
Sansure a eu accès au magazine daté du 13 au 19 juillet 2017 et les nombreuses images y sont effectivement insoutenables. La vidéosurveillance révèle ainsi la progression du camion fauchant les passants, puis roulant sur les corps… Paris Match publie également certaines photos capturées par la police, par exemple montrant le cadavre du terroriste dans la cabine du camion, d’autres prises par ce dernier, notamment pour ses repérages avant l’attentat.
L’hebdomadaire consacre enfin une partie importante aux déclarations de blessés et de témoins du carnage. Dans un article sur son site internet, le titre de presse se défend :
Quant aux photos du camion cette nuit-là, largement publiées et relayées par nos confrères depuis un an, et encore ces jours-ci dans des émissions de télévision à grande audience, il s’agit de vues de loin, de plans larges, sans identification possible des victimes ni atteinte à leur dignité. Elles sont publiées dans un souci de compréhension des événements.
Paris Match entend défendre becs et ongles le droit des citoyens, au premier chef le droit des victimes, de savoir ce qui s'est passé exactement. Il exercera avec responsabilité mais avec fermeté sa liberté d'informer qui est un fondement de la démocratie.
Mise à jour du 15 juillet :
La justice a finalement autorisé Paris Match à rester en kiosques, mais interdit toute nouvelle publication des photos. Le parquet a également ouvert une enquête pour "violation du secret de l'instruction et recel", car ces images étaient initialement versées au dossier d'instruction.