Si ArcelorMittal dément bien tout risque sanitaire, les images révélées cette semaine ont de quoi faire bondir ! Dans une vidéo tournée l’hiver dernier et publiée notamment par France Bleu, un ancien chauffeur intérimaire d’une société sous-traitant les déchets affirme avoir été contraint de déverser des centaines de mètres cubes d'acide dans un crassier, c’est-à-dire un dépotoir, de l'usine sidérurgique.
Ce geste, qui évite un recyclage coûteux à ArcelorMittal, aurait été répété au moins deux fois par jour, entre décembre et février dernier. De plus, les salariés de Florange mentionnaient sur les bons de livraison de faux intitulés, en inscrivant qu’il s’agissait de la boue de fer ou d’épuration… Suite à ces révélations dans un premier temps auprès d’un pompier travaillant pour ArcelorMittal, ce chauffeur sous-traitant a été viré pour "rupture de discrétion commerciale"...
Je transportais l'acide usagé. Normalement je devais le ramener dans un centre de recyclage à Maloncourt. Mais on me disait de charger l'acide et d'aller au crassier, avec la complicité de salariés d'Arcelor qui me donnaient les bons [de livraison, ndlr] eux-mêmes. Les bons n'indiquaient pas que c'était de l'acide. Ils indiquaient seulement que c'était de la boue de fer ou de la boue d'épuration. J'arrivais à Florange, à la cockerie, au PC sécurité, et là je me retrouvais dans un crassier à brancher mes tuyaux et déverser mon chargement en pleine nature, directement au sol. Les rochers éclataient à cause de l'acidité du produit. Le soir je rentrais avec les yeux rouges.
De son côté la direction d'Arcelor Mittal, qui a également ouvert une enquête interne, confirme qu'“il n'y a aucun risque environnemental ou sanitaire pour les populations". Dans un communiqué, la société nie sa responsabilité et rejette la faute sur ces sous-traitants. L’entreprise assure que sa zone de stockage, appelée le crassier, "est très encadré et contrôlée au moins tous les ans par la Dreal" et que l'entreprise est tout à fait en règle avec les procédures environnementales.
Cela tombe bien car la Dreal, la direction régionale de l'environnement a ouvert une enquête et vérifie le parcours et la traçabilité des déchets au sein de l'entreprise. En attendant les résultats des différentes enquêtes, une pétition publique a été lancée afin de demander plus de transparence sur le traitement des déchets ainsi que l'arrêt des rejets d'acide sur le site de Florange.
La Direction d’ArcelorMittal n’est en aucun cas à l’origine de prétendus déversements irréguliers sur la zone de stockage. Si ces faits étaient avérés, ils seraient le fait de personnes isolées au sein d’ArcelorMittal ou des entreprises sous-traitantes. ArcelorMittal envisage de déposer plainte.