D’après une enquête d’Amnesty International, l’application de l’état d’urgence et l’usage disproportionné de la force sont une menace pour le droit de manifestation pacifique en France. Pourtant lié à la liberté d’expression, le droit de manifester s’est réduit considérablement depuis novembre 2015 et les attentats. Renouvelé 5 fois en 18 mois, l’état d’urgence a permis de justifier l’annulation de 155 manifs et 639 mesures individuelles, soit un refus tous les 3 jours ! L’Etat sanctionne ainsi des personnes présentes lors de manifestations précédentes ayant donné lieu à des actes de violences par des manifestants, sans avoir la preuve qu’ils avaient participé à ces violences...
Manifester est un droit, pas une menace.
Pire, la fouille systématique, le confinement des manifestants pacifiques et la confiscation du matériel de premier secours des secouristes démontrent une stratégie du maintien de l’ordre abusif. Amnesty International pointe ainsi du doigt le déséquilibre entre les actes de violence de la part de certains manifestants et la violence des forces de l’ordre. La censure plane également quand ces derniers s’en prennent au travail des journalistes, des photographes et des cadreurs couvrant les manifestations, car il remet en cause le droit à une information libre.
Il est du devoir de l’Etat de reconnaitre que les manifestations sont un usage légitime de l’espace public et il doit justifier d’une certaine tolérance envers les éventuelles perturbations non violentes qui pourraient avoir lieu. Pourtant, depuis l’instauration de l’état d’urgence, un glissement dangereux s’est opéré : des stratégies de maintien de l’ordre sont mises en place qui impactent fortement des droits fondamentaux dans l’objectif de prévenir des risques qui pourraient avoir lieu, sans aucune preuve concrète et solide que des événements dangereux pour la nation vont en effet arriver et que la seule solution pour y faire face est la restriction d’un ou de plusieurs droits fondamentaux.