Depuis plus de 6 mois, Serge Nizet, un habitant de Liège en Belgique, veut faire arrêter la diffusion de la photo de son père. Ce dernier, photographié de près, a les yeux clos, le visage pâle sur un oreiller et est équipé d’une sonde respiratoire, accompagné du message préventif « fumer provoque des AVC et des handicaps ». Un cliché qui a été réalisé il y a une dizaine d’années et diffusé sur les paquets de cigarettes neutre européens sans autorisation de la famille Nizet. Mais leurs démarches pour faire stopper l’utilisation de la photo sont très compliquées…
Je suis dans une impasse, parce que c’est la parole d’un simple citoyen, contre celle d’une immense institution qui est celle de l’Europe, où personne ne sait qui fait quoi, et où l’omerta est de rigueur. […] Aucun membre de notre famille n’aurait osé un seul instant prendre une photo de mon père. Et aucun accord écrit ou verbal n’a été donné... […] Je ne désire pas un euro. Juste des excuses pour l’honneur de mon père. Et que l’on retire la photo des paquets, bien sûr.
La Commission Européenne dans le collimateur
En effet, ce ne sont pas les cigarettiers qui sont responsables des clichés chocs apposés sur leurs paquets, mais bien la Commission Européenne à la Santé. Problème : cette dernière n’aurait donc pas les droits sur la série de 42 photos utilisées à la sensibilisation des dangers du tabac… Pourtant elle affirme être dans la légalité d’après un document de la direction générale Santé de la Commission Européenne qui précise que les photos “ont été prises par des sociétés externes pour 600 000 euros et qu’elle détient les droits d'auteur et toutes les personnes représentées ont donné leur consentement.” Elle ajoute qu’elle connait l'identité “de toutes les personnes apparaissant sur les photos” sans la dévoiler pour respecter pour leur vie privée.
Baladé par la Commission Européenne depuis des mois, et certain de sa démarche, c’est avec l’aide de son avocat que Serge Nizet souhaite retrouver la société qui a vendu cette image, et qui est l’auteur du cliché, afin d’envisager une action en justice. De son côté, Bruxelles se défend en évoquant une pure coïncidence et précise que pour la photo litigieuse elle reçu cinquante demandes similaires, provenant d'individus de différents Etats membres qui disent reconnaître un proche…
Avec toute la sympathie que nous avons pour toute personne qui croit sincèrement que l‘individu représenté est un membre de leur famille, (...) nous pouvons affirmer de manière catégorique que la personne représentée n'est pas le père de monsieur Nizet. Toute similarité serait purement fortuite.