Certaines histoires sont drôles, d’autres totalement révoltantes. Florilège des informations publiées de cette semaine par les journaux européens, extraites des documents du Football Leaks :
Mario Balotelli, 1 million de livres pour bon comportement
En plus de son salaire de 4,25 millions d’euros pour la saison 2014/2015, ce bonus incroyable figurait au contrat du joueur lorsqu'il était à Liverpool : « Si à la fin de chaque saison le joueur n'est pas exclu du terrain à trois occasions ou plus pour comportement violent, crachat sur un adversaire ou une autre personne, pour des paroles ou des gestes insultants et/ou contestation... Alors le 30 juin à la fin de chaque saison il recevra un paiement bonus de 1 million de livres »
Les droits à l’image d'Angel Di Maria et Javier Pastore dans des paradis fiscaux
Les deux joueurs du PSG rejoignent le scandale. Avec un système mis en place par un groupe d’agents argentins, les sommes correspondants à la vente de leur image à des fins promotionnelles, ont été versées à des sociétés écrans aux Pays-Bas qui les reversent ensuite à des sociétés basées dans des paradis fiscaux !
Pour Angel Di Maria, 150 000 euros de sponsoring sont arrivés en 2014 sur le compte de sa société Sunpex, enregistrée au Panama. Le fond d’investissement Doyen Sports qui a géré la transaction, précise bien que « Di Maria ne veut pas que son nom apparaisse pour des raisons fiscales ». Dans une lettre (reproduite ci-dessus), Di Maria confirme les termes de l'accord en apposant sa signature en double : une fois pour lui-même et une autre fois pour sa société écran.
Pour Javier Pastore, depuis 2010 c’est la société néerlandaise Orel qui commercialise ses droits à l’image et reverse 94% de l’argent collecté par le sponsoring à Klizery SA, une société enregistrée en Uruguay, pays sud-américain à la fiscalité avantageuse. Entre 2010 et 2015, les 1,915 millions d’euros de son équipementier Nike ont fait ce chemin d’optimisation fiscal !
Grâce à ce système, les clubs et les sponsors n’ont pas à verser l’argent directement dans des paradis fiscaux. Ils peuvent plaider l’ignorance en payant aux Pays-Bas, où beaucoup de sponsors ont d’ailleurs eux-mêmes leur siège, comme Nike et Adidas.
Matchs et sélections truquées en Amérique du Sud
Les évasions fiscales épinglées par le "Football Leaks" sont pratiquées par 5 agents argentins : Hernan Berman, Jorge Prat-Gay (frère d’Alfonso Prat-Gay, actuel ministre argentin des Finances), Eugenio Lopez (l’agent argentin de Di Maria), Marcelo Simonian (celui de Pastore) et Jorge Cyterszpileren, le premier agent de Diego Maradona. Un panel qui n’hésiterait pas à « truquer des matches en Amérique du Sud » ou influer « pour faire sélectionner des joueurs dans l’équipe nationale d’Argentine simplement pour faire grimper leur valeur », souligne Mediapart. Les documents "Football Leaks" révèlent qu’un certain Carlos Rivera se tient derrière tous ces montages financiers. Copropriétaire du groupe financier Grupo Alhec, il était vice-président de la chambre argentine des agents de change.
Hugo Lloris, une prime de consolation s’il encaisse un but
Comme Mario Balotelli, le gardien des Bleus fait parti des clauses folles. Dans son club londonien de Tottenham, pour chaque victoire, Hugo Lloris touche 7 000 livres. Mais si Tottenham perd, et qu’il a concrètement raté un ballon, il touche quand même 3 500 livres !
Le Football Leaks menacé de censure
Un magistrat espagnol a fait savoir qu’il allait solliciter la coopération judiciaire européenne pour demander le retrait des Football Leaks des douze médias membres du consortium European Investigative Collaborations (EIC), dont Mediapart. Il a notamment interdit au journal El Mundo de publier ces informations (qu’il a quand même publié samedi dernier comme les autres médias européens), suite à la demande du cabinet madrilène Senn Ferrero, conseiller fiscal, entre autres, de Ronaldo ! Pour justifier l’interdiction des révélations, le juge met en avant que les documents confidentiels ont été récupéré grâce à un attaque informatique. Mais le cabinet ignorait qu’en protégeant son client Ronaldo, il couvrait aussi ses évasions fiscales…
Ce serait scandaleux que le juge punisse le directeur de ce journal pour avoir fait son devoir et que les délits perpétrés restent impunis. La justice devrait plutôt entreprendre des actions contre les présumés coupables d’évasion fiscale portant sur des dizaines de millions d’euros. […] Nous espérons que la justice agisse avec équité et punisse non pas celui qui dénonce le délit, mais bien celui qui l’a commis.