Bruno Patino fait part de ses anecdotes dans un essai intitulé « Télé-visions », à paraitre ce mercredi
Celui qui a été le directeur des programmes de France Télévisions, entre 2010 et 2015, et depuis devenu directeur éditorial d’Arte France, se demande : Que reste-t-il de la télévision ? A travers 200 pages d’études, de sondages, de chiffres et de récits, il tente de répondre à cette question. Il commente également le travail des animateurs phares des chaines du service public : Michel Drucker est qualifié de “nounou consolatrice” obsédé par l’idée de durer à l’antenne, Patrick Sébastien aurait un bagout mi-intrusif mi-attachant, Frédéric Taddeï est vu comme un “personnage de film italien à la classe folle”, etc. Il analyse également l’échec du talk Jusqu’ici tout va bien, diffusé sur France 2 pendant quelques mois en 2013 et animé par Sophia Aram :
Impossible d’expliquer l’acrimonie, les rumeurs et la violence du milieu à l’égard de cette émission. [...] Une nouvelle fièvre télévisuelle, celle qui consiste à tirer à vue sur tout nouveau visage qui s’invite dans le poste, à descendre celui ou celle qui monte [...] A laisser craindre que tout nouvel animateur doive choisir son camp : sniper ou victime.
Autre talk, cette fois qui fonctionne depuis 10 ans : On N’est Pas Couché. Bruno Patino y consacre un chapitre entier, en dressant le portrait du duo Laurent Ruquier - Catherine Barma (sa productrice). Une émission qui propose parfois des “jeux du cirque” :
Les chroniqueurs vont-ils ou non mettre en pièce l’invité ? [...] les téléspectateurs sont traversés par le désir de voir le gladiateur mis à mort ou, de temps en temps, le chroniqueur mis à mort par celui qui devait être sa victime. [...] c’est toujours Laurent Ruquier qui abaisse ou lève le pouce. [...] Ruquier semble avoir abandonné avec le temps l’idée de l’innocuité totale de son émission […] que ce spectacle n’était pas totalement anodin […] et engageait […] une sorte de responsabilité politique. [...] Une émission comme ONPC s’est naturellement insérée dans la conversation continue née d’Internet et des réseaux sociaux. Elle ne prétend ni l’amorcer, ni la conclure, mais bien la nourrir, l’amplifier et l’accélérer.
L’ex-directeur des programme cible sans filtre les “narcisses brisés”, ces animateurs et animatrices prêts à tout pour avoir “n’importe quelle émission, à n’importe quelle heure, sur n’importe quelle chaîne” ! Mais aussi les égos des têtes d’affiches à gérer : les stratégies des animateurs-producteurs, les SMS à envoyer pour féliciter des audiences, les messages laissés sur son répondeur pour se plainte d’une sous-exposition de leur programme, ... Si les noms ne sont pas toujours donnés, il est assez facile de deviner avec les descriptions fournies. Par exemple cet homme qui s’est auto-proclamé “has been” avec une “coiffure impeccable” et son “bronzage de rigueur”...