Oise Hebdo et Le Petit Journal Catalan ont publié des unes choc ces derniers jours.
Oise Hebdo : le tabloïd local
Le numéro du mercredi 12 août titrait notamment sur le présumé suicide d’un commerçant de Beauvais. Pourtant habitué aux unes macabres et racoleuses, l’hebdomadaire s’est fait condamné deux jours après sa publication, par le Tribunal de Grande Instance de Beauvais pour atteinte à la vie privée. Cela fait suite à une plainte déposée par la mère et l'ex-compagne du défunt. L’article litigieux revenait sur l’enquête menée par la gendarmerie qui privilégie la thèse du suicide, accompagné d’éléments de biographie : scolaire, professionnel, familiale et conjugale. Oise Hebdo devait alors, dès le samedi à 18 heures, retirer des kiosques les exemplaires encore en vente, sous peine de 500 euros d’amende par heure de retard ! Une décision rare, qui est alors subi comme une censure et une atteinte à la liberté d’informer pour le milieu de la presse, car une telle décision peut faire jurisprudence.
Les juges ont outrepassé leurs pouvoirs, en voulant utiliser des techniques de censure d’un autre temps, qui ne devraient pas avoir lieu dans un pays démocratique. […] Les personnes concernées peuvent demander des dommages, mais pas une interdiction comme celle-ci, qui relève d’une autre nature.
Vincent Gérard, le fondateur du journal, a donc refusé de le retirer et a fait appel, avec le soutien du Syndicat National des Journalistes. La Cour d'appel d'Amiens a cassé la décision du tribunal de Beauvais, annulant le retrait des kiosques, estimant que l’article ne permettait pas d’identifier son ex-compagne et que son lien avec sa mère est de notoriété publique.
Le Petit Journal Catalan : la provocation
Le numéro du vendredi 14 août posait cette question : « A quoi servent les gitans de Perpignan ? » Un titre ambigu voire raciste, pour ce journal qui est en crise et en grève depuis mai dernier… Une association gitane a porté plainte pour discrimination. Sur le facebook du Petit Journal Catalan, les journalistes dénoncent cette couverture et expliquent qu’elle a été réalisée de façon pirate, sans leur consultation, à Montauban au siège du groupe de presse Arc-en-Ciel. Pour cette rédaction c’est donc le directeur de la publication, le seul responsable de ce dérapage. Mais ce dernier dément être impliqué dans cette affaire :
Ils ne peuvent pas être en grève, ils ne sont pas salariés ! […] Je ne m’occupe pas des titres, je ne regarde même pas les unes. C’est le correspondant sur place qui l’a senti comme ça. Nous sommes un journal dans lequel souffle un air de liberté. [...] Non, je ne crois pas que ce titre ai fraichi la ligne jaune, il est dans les normes. Et puis vous savez, quand on veut relancer un journal, il faut un peu de provocation !
Le correspondant et auteur de l’article et de la question a également tenté de se justifier :
Oui nous posons la question de l’utilité des gitans de Perpignan, simplement parce que les Perpignanais eux-mêmes se la posent. Mais dès le début de mon article, nous condamnons cette question. Et nous y répondons, en disant que les gitans sont utiles à l’âme de la ville !