Révélée par Mediapart, cette censure intervient en pleine restructuration de la chaîne cryptée.
Depuis son arrivée à la tête du groupe Vivendi et donc de Canal+, Vincent Bolloré semble régner sans soucis avec un côté très interventionniste. Certaines de ses décisions ont déjà fait grincer des dents comme son souhait d’arrêter Les Guignols, avec lesquels il a fait machine arrière en les passant en crypté. Une voie de garage pour le programme phare de Canal+. D’autres prises de positions pourraient bien lui offrir son premier scandale médiatique. Comme ce coup de téléphone passé au printemps dernier à Rodolphe Belmer (ancien directeur général de Canal+) afin de trapper une enquête de Spécial Investigation, intitulée « Evasion fiscale, une affaire française », sur le Crédit Mutuel et la fraude fiscale. Le film contenait plusieurs révélations embarrassantes, qui auraient pu rompre les liens privilégiés entre l’homme d’affaires de 63 ans et la banque. Une situation délicate quand on sait que Vivendi annonçait en parallèle le lancement d'une OPA amicale pour prendre le contrôle total de Canal+… financé par une filiale du Crédit Mutuel ! Pour le moment Canal+ ne s'est pas exprimé sur l'affaire.
C’est le rédacteur en chef du documentaire et membre de KM Prod, Jean-Pierre Canet, qui a révélé cette censure. Un joli revers de la part cette société, car Bolloré a écarté KM de la production du Grand Journal pour la rentrée… De nombreux journalistes s’intéressent au « système Bolloré » depuis quelques semaines. Nicolas Poincaré a déjà annoncé dans Le Parisien que l’émission Complément d'Enquête sur France 2 va s'intéresser à Vincent Bolloré à la rentrée, avec ou sans son accord ! De plus, le reportage en question trouvera refuge sur l’antenne de France 3, dans Pièces à Conviction, qui l’a rachetée dans une version allongée afin de le diffuser en octobre.